18 janvier 2017

C'est loin tout ça.

Dans les moments où je me perds, j'aime bien me replonger dans mes moi d'avant. Et je refait le chemin petit à petit jusqu'à me retrouver, redevenir la moi de maintenant.
Je regarde les séries qui m'ont plu. Je cherche à me retrouver dans les personnages que je suivais, saison après saison. Je ressors les vieux bijoux, les bracelets avec des perles de toutes les couleurs. Je remet mes vieilles converses. Et quand je sors, j'imagine que c'est pour aller à une soirée, avec toute la bande de pote. Encore tout ces trucs à découvrir, à expérimenter, à murir.
Je deviens fébrile, mes lacets de mes chaussures sont devenus gris à force de trainer sur le bitume.
J'arrive dans cette boucle temporelle et je débarque dans un petit appartement.
Il est encore tôt (18 h) mais comme c'est l'été, dehors c'est entre chien et loup. Comme personne n'as encore allumé les lumières, il fait sombre, la petite table basse croule déjà sous un immense bordel. Deux bouteilles trônent fièrement au milieu de ce chaos. ça sent très fort le tabac, il y a des volutes partout, l'ordinateur fait tourner de la musique. Rhianna puis bb brunes. Le groupe fait du bruit, ça parle, ça rigole fort, ça cherche son briquet.
Je m'installe sur le canapé à même le sol, entre No et Lo. Lé sort de la cuisine, une clope à la bouche et les ongles rouges et long. Elle lance une blague avec sa voix forte. Tout le monde rigole.
On allume les lumières.
On bois pas de la bière mais de la smirnoff, parce qu'on arrive pas encore à apprécier le goût. En même temps, on n'achetait que de la Heineken. Ma et Ca se chamaillent un peu, Ca me prend à parti, je défend Ma. On ne peux rien contre la solidarité féminine.
Mes cheveux sont tout raides, ils me tombent sur les yeux je me frotte trop prés de l'oeil pour enlever une mèche et je fais baver mon khol.
On finit par faire une énorme plâtrée de pâte, et je finis, comme d'habitude, par piquer du lait dans le frigo.
Il est tôt, ça sent la clope mentholé. Les paquets sont sur la table, en petit tas écroulé, à côté d'un cendrier qui débordes. La soirée commence à être moins bruyante, Mé et Ca discutes prés de la fenêtre, Mé est jolie.
Moi je suis là, à admirer les gens.
Je ne sais pas pourquoi j'ai cette nostalgie. J'ai des tas de bouts de nostalgie. C'est surtout ce que j'ai crée avec ces gens qui me rend mélancolique. Réussir à crée avec quelqu'un une atmosphère, une bulle de sécurité, d'intimité. S'avouer que sa présence compte, qu'aucune présence ne sera pareille. Se réunir, crée des souvenirs, du lien. S'emmerder oui, mais s'emmerder à plusieurs. Partir en couille mais être là au bout du compte. Se relever à plusieurs.
C'est vrai que le groupe c'est quelque chose de dangereux. ça rend plus vulnérable que tout. Et c'est vrai que voir toujours les mêmes personnes, c'est lassant, fatiguant, parfois énervant et pleins d'autres synonymes désagréable ou triste.
Mais bon... Le groupe c'est aussi être ensembles, construire sa vie ensembles. Cette cohésion de groupe, surtout dans un groupe de gens qui s'aiment, se respectent et sont égaux, cette cohésion n'est pas trouvable ailleurs. On peux trouver un amoureux dans un ami, un ami dans un amoureux, un père ou une mère de substitution. Mais pas un groupe de substitution.
J'ai aimé grandir en groupe.

6 janvier 2017

Just the two of us

Tu sais, ça me fait chier de pas pouvoir te parler en face.
J'ai envie de te parler mais c'est à travers ce putain d'écran et ça bloque les sentiments.
ça bloque tout, je peux pas voir ton visage, tu peux pas voir le mien et on peux lire l'un dans l'autre et ça me gêne.
Mais j'ai envie de te cracher les choses, mais avec ce miroir noir entre nous, tout reste dans mon bide.
Tu peux trop fuir, esquiver les questions, décider de ne rien voir.
Je veux te mettre devant ce mur, celui-même qui me bloque et m'empêche d'avancer comme je le voudrais depuis des mois. Des mois qui durent des années, complètement enfermé dans ma tête. Je traine les pieds sur des briques qui ne me sont pas familières. Elles m'ont accueilli, elles se sont rendues sympathiques à mes yeux quand elles m'ont permises de me perdre. Ne plus rien savoir était un luxe. L'inconnu devenait une page blanche. ça occupais tout mon esprit d'écrire sur cette page vierge. Mais maintenant que les rues ne me sont plus inconnues, maintenant que j'ai écrit et raturer tout le livre, maintenant tu es toujours là.
Et ce mur.
Et toutes ces choses que je ne voulais pas cracher.
Et je me retrouve avec moi-même.
Dans une petite chambre carrée.
Dans ma propre histoire.
Je regarde mon corps, je le sens. Je ne le reconnais plus trop, mes gestes sont plus féminins, mon corps semble plus long, plus souple.
Et je me retrouve étonnée quand je me croise dans un miroir. Je m'admire dans la vitre du métro, je m'aperçois. Je me sourie. Et dans ma tête, y a une petite voix qui me dit "oui, c'est bien toi"
J'ai découvert la confiance en soi.
Je ne suis plus en colère contre mon corps.
Alors pourquoi je ne me sens toujours pas mieux ?
400 kilomètres. J'ai déjà été plus loin. 400 kilomètres c'est quoi. 4 h en train ?
400 km de chez moi, 400 km de ma base
400 km que j'ai fuie aussi fort et vite que je pouvais il y a 4 mois. Je devais respirer, oublier, me réinventer complètement.
ça passait par une multitude de petites étapes, de petites envies ;
Découvrir ses limites, perdre du poids, oser montrer son ventre et bouger son corps, ne plus se sentir ridicule, se percer le nez, couper ses cheveux, sortir seule, apprécier ça, colorer ses cheveux, se photographier, photographier tout le monde, chanter tout le temps, aimer ça, tester, se perdre, bouger, se déraciner.
Le but étant de n'écouter que soi-même, que son envie égoïste. La petite voix qu'on met d'habitude de côté à cause des obligations, des limites géographiques ou monétaire.
J'ai appris à ne plus avoir peur de sortir, de tout lâcher pour me laisser voguer.
Mais c'est toujours en cours et je suis pas plus avancée qu'avant en fait.
Et tu reviens, c'est comme me forcer à revoir un film que j'essayais d'oublier après la séance. Les images reviennent et ça me manques toujours autant. Refouler mais pas oublier. J'étais pas encore bien préparer, c'était pas le moment pour moi.
Je veux des réponses, je les veux mais je les redoutes. Et je peux pas poser mes questions, je dois les garder parce que je suis à 400 km de la seule personne à je veux les poser.
J'en ai marre de te parler à travers des cahiers. Les mots je voudrais pouvoir te les jeter plutôt que de les enfermer. Finalement, je ne me parle qu'à moi-même à chaque fois.
Tu me manques.