15 février 2014

Ceci n'est pas un article post-14 février

Je n’avais pas l’habitude de rester longtemps.

D’habitude, il me faisait comprendre, vers 7 heures du matin, qu’il était temps pour moi de prendre congé. Alors, dans le matin gris et brumeux, je trainais les pieds vers l’arrêt de bus désert. J’avais toujours un nœud dans les tripes. J’attendais mon bus en espérant secrètement le voir débarquer et me dire « finalement, j’aimerais boire un café avec toi ».  Mon bus finissait par arriver, et j’étais obligé d’y monter et de m’installer silencieusement. Parce qu’il était clair que je n’allait pas passer la journée sous l’abribus. J’observais sur le trajet, la route filer et me séparer de lui mètre par mètre. J’avais toujours une violente envie de chialer mais je m’empêcher, parce qu’il y avait des gens autour. Je ne prenais jamais le métro, je rentrais chez moi à pieds depuis le terminus. Et au milieu du trajet, mon pas se faisait tremblant et je finissais par chouiner et vider mon corps de toute l’eau qu’il abritait. J’arrivais chez moi où toute la population était encore endormie. Je me cachais sous le jet de la douche pour ne pas avoir à expliquer.
Expliquer que j’avais passé une bonne soirée mais que ça n’irait pas plus loin. Expliquer que je n’arrivais pas à l’oublier, à juste monter dans le bus et partir. Que je refusais de ne plus être spéciale. De ne plus être son « quelqu’un ». De ne plus être son centre de gravitation.

Alors quand je me suis réveillé vers 9 heures, ce matin-là et que j’étais toujours dans ses bras, j’ai sentie qu’il se passait un truc. Peut être qu’on a grandis. J’ai paressé dans ses draps.
On a bus le thé que j’avais apporté. Une théière. Puis deux. Puis trois. Une série. Un épisode. Puis deux. Puis trois. Puis les heures qui passent.
Midi et je ne suis toujours pas sous l’abribus. Je frotte ma joue contre sa barbe, il sourit. Ce sourire qui sera suivie du « t’es mignonne ». On raconte beaucoup de conneries. Je ne ris jamais autant qu’avec lui. Il n’y a pas de gêne entre nous, on est nous-mêmes. J’ai l’impression de respirer pour de vrai. On se fait du pop corn, on regarde le feu de cheminée, serrer l’un contre l’autre sur son canapé. Je me love dans ses bras, je profite de la chaleur de son corps. Il tape des trucs sur son clavier et passe sa main dans mes cheveux. On parle peu, on se cherche.
On décide d’un commun accord de m’amener vers l’abribus. Il est 16 heures et des poussières, il enfile un survêt et prends son parapluie. Il m’accompagne sous la pluie. On se dit au revoir avec une bise. Ça me ferait presque rire sur le coup. Il tourne les talons et retourne tranquillement chez lui. Sa silhouette se fait de plus en plus petite. J’allume une cigarette, je tremble. Mais je n’ai pas ce nœud. Je n’ai pas envie de pleurer. Je souffle la fumée en écoutant la pluie. Je reçois un message de lui.
Le bus arrive, je mets mon casque et je lance une chanson au hasard.
Et cette fois je peut fixer la route sans me faire violence.

11 février 2014

Je vais mal, merci !


Quand j’étais gamine, mon père était encore à son stade globe trotteur.
Il partait quelques semaines et je finissais par recevoir une carte.
Afrique du nord, Hollande, Inde, Suède, Italie.
J’avais toujours, à son retour, une multitude de présents ramener de ses périples. Comme cette petite robe en velours bleu comme celle des petites filles du Maroc et une croix du Sud, signe des Touareg du désert. Je vivais ses aventures à travers ses mots :
Les dunes de sables, les dromadaires, les jours chauds, les nuits glaciales. Irrémédiablement venait le :   « Tu verra ! Je t’y emmènerais un jour, on ira, un été ».
J’ai sentie mes os grandir sous ma peau, j’ai coupée mes cheveux un nombre incalculable de fois, j’ai porté un appareil dentaire, mais jamais, jamais, je n’ai vue un seul grain de sable de l’Afrique. Je n’ai jamais vue de robe similaire à la mienne. Je n’ai jamais fait de dromadaire. J’ai attendu longtemps, espérer désespérément que la promesse faite ne soit pas un mensonge. Et puis, lassé d’attendre et d’être déçu de rester dans ma vieille France, je me suis levée et je suis partie.
J’ai vue Rome, J’ai fait escale à Barcelone, j’ai pris un train en Pologne, j’ai visité l’Autriche. J’ai même parcouru un bout de France, histoire de connaître mon pays.
Mais quand je revenais, toujours, la même rengaine.
« J’aimerais me faire un week end à Rome, comme dans la chanson ! »
« Et si on allais en Finlande ? Je doit y aller pour le boulot, je t’embarque »
« Ooooh j’aimerais tant voir New York ! »

GESTA NON VERBA ! *
                                                                                  
                                                                                              *Ouais, à Rome j’en ai profité pour révisé mon latin
J’avais donc plus ou moins un aperçu de la déception paternel.
ça, entre autres choses que je tairais ici (pour le moment ?).
Alors, à force d’entendre « quand tu sera majeur, de l’argent t’attends sur un compte », ma réaction était un peu de hausser les épaules et de tourner les talons.
Merci bien, je savais à quoi m’attendre. Le pire, c’est que j’avais pas tord. Quand j’ai été fraichement en mesure de toucher cet argent, il avait bizarrement disparu. Restant une centaine d’euros pour « me faire un cadeau d’anniversaire ».
J’ai pensée, une fraction de seconde, à mon permis, mes études, mon logement, mes fringues, mes cahiers, ma sécu, mes économies. Puis j’ai fait ce que je fait de mieux avec lui : j’ai tournée les talons en râlant un peu.


Je pensais que mon silence radio lui avait servi de leçon. Je ne sais même pas combien de mois j’ai passé dans cette béatitude, cette douce sensation de liberté, de légèreté.
J’allais bien, mon père me manquais pas, parce que pour ça, il aurait fallut que je connaisse la signification de « père qui tienne la route ».
Mais comme je pouvais pas juste encaisser un chèque de 300 euros sans dire « merci » j’ai été obligé de me retourner et de contempler toute la fatigue qui me rattrapait.
Tout ce que j’avais réussi à fuir me revenait en pleine poire.
Je me sens presque acheté, mon éducation me fait serrer les dents et hocher la tête.
Quand il m’a proposé son appart, j’ai cru que c’était bon, qu’il avait appris. J’ai respiré, imaginant ma libération qui viendrait dans quelques mois. La fac, ma maison, ma lessive, mon rythme, lui. Je voyais enfin un dénouement à tout ce merdier.
Mais non.
Déjà qu’il était pas sûr à 100 % qu’il emménage avec moi.
Maintenant, il n’est même plus sûr que j’ai ma propre maison.
Et ça veut dire continuer de me « soumettre » à un rythme qui n’est pas le mien, s’asseoir  à heure fixe à une table et devoir parler, ça veut dire manquer d’espace.
Je suis exténué par tout ce qui ne s’est pas encore passer.

9 février 2014

Un égoïste est quelqu'un qui ne pense pas à moi (Eugène Labiche)


J’observe le pot de cornichons en face de moi.
Je grignote ça du plus loin que je me souvienne.
Quand j’étais gamine, genre 5 ou 6 ans, mon père m’avait même offert un énorme pot de ces cornichons de Paris qui sont disproportionnés. Je trouve rien d’autre à faire qu’écrire depuis quelques jours. J’erre un peu sur la blogosphère et j’admire les mots des autres. Ça souligne encore plus mon orthographe bancale et mes textes qui partent généralement dans tout les sens.
J’écoute en boucle l’album de FAUVE que je me suis payé hier.
Les paroles ont perdu de leurs fragilité depuis que les attardés de ma classe les postent en statut facebook.
J’ai l’impression qu’ils ne comprennent ni le rythme, ni le sens. Le mec ne parle pas juste d’amour, il parle d’une fatigue constante face à l’autre. Et les autres, c’est eux. Les pauvres, ça doit être triste d’être superficiel.


J’étais à moitié sérieuse quand je lui ai proposé de s’installer avec moi l’année prochaine.
En fait, je n’osais pas du tout lui demander sérieusement, de peur qu’il réagisse encore comme il sait le faire. Mais comme d’habitude, il m’a foutu sur le cul en répondant positif. J’attendais tellement qu’il esquive la question comme il esquive tout le reste. Et depuis, ça me bouffe la tronche. Parce que lui demander, avoir une réponse, c’est rendre  le truc concret. Même si ça se fait pas, jusque là je vais y penser.
Imaginer l’aménagement des meubles, penser à toutes les conneries qu’on va pouvoir écrire sur les murs. La couleur de ma chambre, les objets insolites qu’il y aura partout.
Et surtout, lui, tout le temps. Même pour un an.
J’ose pas y croire, parce que si ça ne se fait pas, je vais devoir vider mon corps de toute l’eau qu’il a réussi à accumuler. Mais cette idée, de l’avoir matin, midi et soir. De voir débarquer sa tronche, ses études, ses potes, bref, sa vie dans la mienne, ça me fait trembler et je suis obligé de m’asseoir.
Je sais que ça impliquerait une relation encore plus bizarre que celle qu’on entretient maintenant. Mais au moins, il y aurai pas ces long silence radio entres deux nuits blanches. Et j’aurai plus à pleurer dans la rue. Et j’aurai plus à retenir mon souffle pendant 5 mois. Et puis… et puis… et puis…
Plus j’y pense, plus j’espère qu’il sera là, avec ses cartons et son air de conquérant.
En plus, peindre les murs seule, c’est beaucoup moins attrayant.

8 février 2014

Un soir.

Je vais bien.
J'aime la sensation de flottement qui me prend occasionnellement.
Après un verre, j'ai toujours la langue qui se délit.
J'ai le cerveau qui deviens mou et qui retient plus rien du tout. Alors je dégueule des kilos de paroles. Je suis toujours prise de ce besoin de chercher les épiphanies. J'aime parler de rien. Le rien de la vie.
J'aime bien sentir la poésie qui prend la place dans mon ventre. D'un coup, j'ai envie de choisir les bons mots, de mettre les plus jolies adjectifs sur chaque petite chose qui m'émerveille. C'est très rare, ce qui rend encore plus précieux ce moment de légère euphorie.
Je me ressasse de vieux souvenir et je m'applique à gommer la haine et le regret
Souvent, j'ai le besoin de remuer des choses, rappeler des gens ou parler de mon passé comme une vieille conne. J'ai besoin de rêver et de m'imaginer divers scénario.
Je rêve de faire du théâtre, je rêve en grand, je rêve de la comédie française.
Je rêve de la fac, du changement, de la sociologie, je rêve de décortiquer les comportements humains. Je rêve de comprendre.
Je rêve de vivre avec le dessin, faire de mon loisir mon gagne pain.
Je rêve d'un mur peins, de conversations murmurés, de confessions sur le bout des lèvres.
C'est comme quand tu te réveille, t'as pas encore émergé, tu rêve encore à moitié mais tu sais que tu va bientôt revenir à ce stade de conscience qui t'angoisse. Mais tu es dans la chaleur réconfortante de tes draps et tu a le temps de te réveiller quand bon te semble.
Je sais pas ce que j'ai.
C'est comme si j'avais passé la journée à me réveiller.
Bonjour.

7 février 2014

J'ai les méninges qui chauffes...


Je vais essayé d’être claire et de structuré mes propos (pour une fois).

Être une femme, ça à l’air pénible.
Et ça l’est !
Déjà dans la bible, y avais un truc qui clochais avec la forme de notre entrejambe. Dans n’importe quel texte religieux, la femme est apparemment un poison. Tu comprends (ça te dérange pas que je te tutoie au fait ?), on donne envie. On a des courbes, on est jolies, on fait du bien, alors forcément c’est notre faute. Parce qu’à bien les écouter, le corps des hommes ne peut pas engendrer l’envie de la chair (non non). Dans la grande loterie, on n’a déjà pas beaucoup de chance. Si tu vois le jour et que t’es une fille, tu seras obligé d’avoir mal dans le bas du ventre à en pleurer une fois par mois ; te tortillant, te bourrant de médocs, te sentant sale à cause de l’œuf non fécondé qui s’écoule. Tu auras mal au début, ça te prendra même du temps pour apprécier l’acte. Tu donneras la vie dans la douleur, après 9 mois à voir ton corps se déformer.  Peut être que t’aura même le baby blues après, dépression post accouchement. Tu vieillira plus vite et plus mal que l’autre sexe. Tes rides se forment plus vite, comme la puberté qui arrive en avance. Physiquement, le corps de la femme est un yoyo, vergetures, poids en trop, seins qui tombent, cellulite, ventre élastique. (Bon, je suis sûr que les mecs ont pleins de problèmes aussi, mais je ne peut parler que de ce que je connais hein...) 


Je sais pas ce que les femmes ont en trop ou en moins, mais on a rapidement jugé (qui est « on » ?!) qu’elles étaient inférieur (intellectuellement, physiquement). Bonne à engendrer des gosses et à s’occuper avec des activités « délicates ». La couture, le tricot, le jardinage, la cuisine. Pour ce qui est des droits, y a encore du boulot. Faut pas cracher sur tout, on a de la chance en Europe, c'est relativement bien. Mais on choisis pas on l'on naît et les femmes n’ont pas le droit de voter dans certains pays. Elles n’ont pas le droit de montrer leurs corps, par le droit de parler ni même de penser. Pas le droit de travailler dans certaines branches, voir pas le droit de travailler du tout. A l’école, pas le droit de montrer ses jambes, pour ne pas « donner envie » aux garçons.
Être une femme, même aujourd’hui, c’est contraignant, aberrant, révoltant.
Même si on veut être sur le même pied d’égalité, certaines ont tellement des idées pourries ancrées dans leurs crânes qu’il est difficile de communiquer. (Ensuite, faut rentrer dans le débat sur les genres).


La fille, ça ne sort pas seule la nuit. Et surtout pas en jupe ou en robe. On cache son corps le plus possible. Une fille, ça couche pas le premier soir, ça embrasse pas d’inconnus, ça parle pas fort, ça croise les jambes quand ça s’assoit.
Quand j’en parle comme ça, on dirais que j’étudie un animal et ça me dégoute.
ça me dégoute de parler de cette manière, de devoir décortiquer et analyser alors qu'on est juste des êtres humains avec deux bras, deux jambes et une paire de seins...
Mais les faits sont là : Une fille, ça peut être définie de « facile ». C’est celle qui laisse la place à ses envies et à ses pulsions. C’est celle qui vois que son attirance pour quelqu’un est mutuelle, et qu’elle réfléchis pas. La « fille facile » c’est celle qui se fait plaisir.
C’est celle qui embrasse un inconnu en boîte, celle qui aborde quelqu’un dans la rue, celle qui couche le premier soir, celle qui met une jupe un soir de décembre.
C’est étrange dans ce cas là qu’on ne dise pas « garçon facile » pour désigner celui qui se tape la belle inconnu à la soirée déguisé de Xavier. Pourquoi les hommes peuvent céder à leurs envies quand les nanas doivent se retenir ?
C’est plein de petites choses qui attirent ton oreille. C’est celle qui compte les jours avant d’envoyer un simple texto de peur de passer pour « celle qui a faim », c’est celle qui te fait une réflexion sur la jupe qui t’arrive juste au dessus des genoux, c’est celle qui dit que les haut transparent ça fait prostitué. Ça choque d’autant plus que ça sort de la bouche de celles qui sont bridés, à force d’entendre des choses comme ça, elles finissent par le penser. C’est normal pour elles de devoir se contenir sur tout : leurs tenue, leurs maquillage, leurs comportement. Et justement, c’est complètement anormal.
C'est même pas conscient, pour elles, c'est normal, c'est leurs éducation. Elles ne se sentent pas spécialement enfermé dans quelque chose de dérangeant.
Maintenant, elles sont tellement contraintes par des règles strictes et mentale que tout deviens un casse tête :


Il ne faut pas trop maquiller les yeux et la bouche et surtout, ne pas mettre de rouge à lèvre si tu as maquillé les yeux.
Il ne faut pas de robe trop courte, de peur de faire vulgaire, mais pas trop longue non plus, de peur de faire nonne.
Il ne faut pas prendre de posture « masculine » (genre écarter les jambes quand t’es assises).
Il ne faut pas rire et parler trop fort, il faut être délicate et discrète.
Il ne faut pas rappeler trop vite, le mieux c’est d’attendre qu’il appelle, lui.
Il ne faut pas coucher le premier soir, sinon il va se lasser trop vite et tu vas passer pour une fameuse fille facile.
Quand tu sors avec le mec, il faut attendre quelques mois avant de faire l’amour avec lui.
Il ne faut pas lui parler trop souvent, sinon il va croire qu’elle est « trop à fond ».
Il ne faut pas rentrer seule le soir.
Il ne faut pas sortir en jupe ou en robe.
Il ne faut pas, il ne faut pas, il ne faut pas…

Une artiste Anglaise a illustrer les différents "statuts" des femmes en fonction de la longueur de leurs jupe

J’en connais, des filles qui prennent tout ça au pied de la lettre, qui se fixe des barrières mentales, toutes seules. Elles pensent qu’il faut savoir se « faire désirer » (donc faire la morte jusqu’à ce qu’ils viennent à elle), paraître détaché et non intéressé, faire sensuelle. Jouer complètement un rôle qui n’est pas le sien, mais qui rentre dans le moule  de « l’idéale féminin » de notre société actuelle. Elles essayent de ressembler à ce qu’elle croie être « la bonne personne » alors que c’est tellement plus attirant de jouer cartes sur table. Elles calculent tout, parce qu’il faut être sexy, mais pas vulgaire.
D’ailleurs, je ne comprends pas trop la signification de « vulgaire ». C’est très variable, ça peut être une jupe un poil trop courte ou un maquillage marqué. Voir même un comportement. Vulgaire, c’est parler comme un charretier, ou avoir des attitudes dérangeantes envers autrui. Est ce que la longueur de ma jupe ou la densité de ma couche de fond de teint te dérange-t-il autant ? Les mœurs sont en changement constant, est-il vraiment indécent de montrer ses jambes quand les pubs pour parfum montre des femmes nues ? 


Le pire, c’est que tu peux sentir leurs peurs. Quand tu propose un certain bar, un certain quartier, une certaine heure « Ha mais ça craint trop là bas, j’irais jamais ».
C’est comme si passer le seuil de ta maison, tout risque de te tomber sur la gueule.
Je peux comprendre, parce que même moi je ne suis pas rassuré quand je rentre tard le soir, quand un gars me fixe trop longtemps et avec trop d’insistance, quand je sens une présence derrière moi. Mais c’est ma ville, mon bitume, ma rue, et je n’aurais pas le droit de me balader quand je veux et comme je veux ? Alors que je vie ici, que je paye des impôts, que je fait tourner les boutiques alentours ?


J’entends souvent des « Tu me chauffe », « T’es trop charmante », « T’es trop bonne/baisable », « C’est ta faute si je suis excité ».
Je comprend toutes ces filles, qui préfère se plier aux règles silencieuses qui leurs tracent des frontières sécurisantes.
Je comprend, parce qu’il m’arrive de me lever en pleine nuit pour vérifier les verrous. Parce que passer une certaines heure, je transforme mes clefs en poing américains. Je choisis soigneusement les plus longues et j’en glisse une entre chaque phalange. Ridicule mais stupidement apaisant.


Je ne sais pas si tu imagines comme certains regards peuvent te rendre sale.
Il suffit de marcher 2 mètres derrière moi et d’être attentif. A mon avis, tu sera tellement répugner que tu me demandera comment je fait pour supporter ça tout le temps.
Je ne sais pas, je ne supporte pas, justement. J’esquive. En discutant avec d’autres nanas, j’ai remarqués qu’on développe toutes les mêmes techniques : Enfiler un jogging, regarder le sol, monter le volume de son ipod au maximum pour entendre Janis Joplin plutôt que le mec qui passe à côté de toi, marcher vite, croiser le regard de personne.
C’est désespérant de voir tout les efforts fournis juste pour aller à la libraire. Et sur le chemin, tu passe devant les kiosques, les panneaux de pubs, et c’est toujours la même chose : Une femme au gabarie lambda (ici ça veut dire 1 m 70, 50 kg, cheveux longs, pommettes hautes, forte poitrine, longues jambes, tu connais de toute façon non ?) avec le moins de tissus possible sur elle. Elles ne sont jamais carrément nue (faut pas déconner non plus, ils sont pas fous les gens en com’ !) mais leurs position/regard/tenue suggère toujours une sensualité presque gerbante. Parce qu’elles deviennent les produits à vendre. Le pire, c’est les pubs pour parfum. J’ai en tête « Lady million » de Paco Rabanne, bon là c’est plutôt « Oh là là une femme c’est simple à entretenir : un gros diamant, beaucoup de chaussures et une belle voiture ». C’est pas vraiment la même chose mais ça renvoie à quelque chose d’assez craignos : dans la version pour le parfum pour homme, le mec claque des doigts et la fille perd ses vêtements.

Trouver sur un site d'actu...(avec une faute à "Doigt d'honneur")


Donc en fait, ça rejoins très bien ce que j’essaye de dire : La femme deviens le produit qu’on peut choisir et consommer sans modération.
A lire : Les bouquins (y en a 2 à ce jour) d’Annie Pastor « Les pubs que vous ne verrez plus jamais », on en ris beaucoup, mais si on s’assoit et qu’on y réfléchis, il nous reste plus qu’à pleurer.
Parce que dans le contrat, à la fin, y a l’éternel suite de lignes qui précise que non, on peut pas juste nous prendre et s’en aller. C’est pas normal de violer quelqu’un, que ce soit un homme, une femme ou un hermaphrodite. On peut pas juste se servir. Et toutes ces images, toutes ces pubs, tout ces messages subliminaux (ou pas) qui nous habituent à voir des nanas à poils risque pas d’aider les petites nénettes à sortir sereine dans la rue.
J’aborde pas l’idée du psychopathe, c’est encore autre chose.
Mais l’idée est là : L’idée de « fille facile » ça existe que dans la tête, si seulement on choisis de la faire exister. Et ça marche avec tout : les jupes courtes, les « règles » à suivre avec les mecs… Il faut s’insurger un peu contre tout ces gens qui sont payer pour nous faire complexer sur nos corps, contre ceux qui nous empêches d’évoluer.


C’est beau une fille. Alors pourquoi on pourrais pas montrer à quel point on est belles ?
Je suis sûr que ça serais beau. (On s’entend, je ne parle pas non plus de nudisme hein, un minimum de pudeur, sinon y a plus de mystère).
Mais comme je suis pas féministe et que je suis juste contre le juste :
ça marche aussi pour les mecs.
Essayer de ressembler à un idéal, ça nous intéresse pas. Déjà parce que rêver, c’est bien. Si on avait tout comme on voulait, y aurai plus rien à cultiver. Et c’est justement la différence qui est attirante. Ce qui attire, c’est quelqu’un qui viens par curiosité de votre personne. C’est le « j’ai vue ta tête, tu m’intrigue ». Le but c’est d’avoir envie de se découvrir, s’approcher, hésiter. Tout le reste on s’en fou.
Moi, ceux qui attire mon œil, c’est les grand dégingandé. J’aime bien quand ils sont très fin, qu’ils ont un petit air pommé. J’aime creuser la timidité pour découvrir des choses. J’aime les visages avec de grands yeux, pour mieux regarder, j’aime les longs visages.
Il faut arrêter d’essayer de rentrer dans le moule à tout prix, il faut se donner tel qu’on est. Et l’autre a alors le droit d’accepter ou de refuser.

Mais sur 7 milliards d’êtres humains, y a le choix non ?

"Rire, c'est faire oublier" Victor Hugo

Il se tient courbé. Son dos fait une courbe parfaite. Je ricane en lui faisant remarqué qu’il se tient comme une fille. Ventre rentré et poitrine en avant. Il me fait une grimace. Celle ou il plisse à peine le nez en tirant la langue, mais toujours avec ce sourire.
Nos genoux se touchent, il pose sa main sur ma cuisse. Je tourne la tête et bois mon Monaco. On ne dit rien et j’écoute le bruit ambiant du bar. Un couple s’embrasse devant moi. Je le fixe. Je sais ce qu’il va dire mais je ne détourne pas la tête, j’aime bien la question qui va suivre.

« Pourquoi tu me regardes ? »
« Je sais pas, j’aime bien »
« Arrête de me regarder avec cet air là »
« Quel air ? »
« Celui là. Tu sais. Mais si ! Le coup du regard énigmatique. On dirais que tu me scanne. »

Je continue. Parce que j’aime sentir ses doigts à travers mon jean, il bouge à peine sa main mais je peux tout sentir. Je laisse passer un silence. On sait ce que je vais dire mais on ne relève pas. Parce que même si on dit toujours la même chose, c’est comme ça qu’on est.

« C’est toi qui me fixe là »

Il prend son air offusqué
« C’est parce que t’es belle »Je ne sais pas si je dois me sentir débile d’être contente. Satisfaite. Il sirote un pastis, et si je me rapproche, je peux sentir l’anis mélangé à son haleine. J’aime son profil. Il a un nez très long et j’aime bien quand il ne porte pas de lunettes, ça lui donne un petit air paumé. On compare nos mains. Il a les phalanges fines et ses doigts s’épaississent à l’extrémité.
« Je préfère les tiennent, tu as les mains boudinés »

Je râle un peu. Je lui explique que j’ai des mains très bien, pas boudinés. Et que le mot « boudinés » est trop disgracieux pour définir mes doigts.
C’est ces moments là qui me manquent. Ceux ou il était complètement présent. Pas en retard ou attendu quelque part. Juste là, à ma disposition. Parce qu’il avait envie de me voir.

J’aime quand il me réclame, que mon téléphone sonne et que j’entends sa voix qui me dit qu’il est en ville, qu’il ne veut pas rentrer et qu’il veut boire un café. J’aime quand on fait tout pour repousser le moment de partir.
La dernière fois, je sais plus comment, on a finis par se tenir la main. Je marchais surement bizarrement, parce que la chaleur de sa main dans la mienne me rendait toute raide. Je n’osais pas trop bouger, de peur que ce soit inconfortable pour lui et qu’il récupère ses doigts. Pourtant, il levait le bras pour éviter les poteaux et on a parcouru des mètres et des mètres avant qu’il ne me lâche. Quand on passait devant des gens, je me demandais ce qu’ils pensaient en nous voyant. J’essayer de deviner ce qu’ils croyaient. Peut être ne nous ont-ils même pas remarqué. Mais moi, j’aimais l’idée qu’on nous prenne pour un couple normale.
Je pourrais noircir des pages et des pages rien que pour le décrire.
Il a un sourire rayonnant, qui laisse voir toutes ses dents de devant. Son visage se tire juste comme il faut. Il n’y a aucun pli disgracieux. Même devant un appareil photo, son sourire ne fait pas forcé ou faux. Quand il rit, c’est un rire étouffé. Comme si il manquait de souffle. Ça sort du fond de sa gorge et ça dure longtemps. Il est expressif, ses sourcils bougent tout le temps et il n’a pas les marques disgracieuses sur le front de ceux qui haussent trop souvent les sourcils. Il est mince mais on peut sentir les muscles de son dos bouger sous son t-shirt quand il marche. Il a la peau brûlante tout le temps, comme si il avait constamment de la fièvre.
Face à lui, je me sens toujours petite fille. Comme idiote et inculte. Mais parfois, quand je capte un regard ou un mouvement, je me sens femme, désirable et parfaite.
Quand je suis en face de lui, j’ai de l’assurance, je souris, je suis cynique, un peu piquante. Je titille, je taquine. Je deviens celle qui peut se permettre d’être sarcastique. On s’envoie des piques en souriant, ce n’est pas méchant, c’est juste un échange pour juger de la répartie de l’autre. On répond du tac au tac, on dit beaucoup de conneries. On rit de rien, on se comprend.
C’est comme si j’étais en apnée constamment et que je me permettais de respirer normalement qu’en sa présence. C’est agréable et en même temps, ça me fait suffoquer.
J’ai dû attendre une poignée d’années avant de réussir à formuler les syllabes de son prénom à quelqu’un. Pour expliquer, raconter.
Et depuis, c’est une note sucrée sur ma langue. C’est une fleur dans mon cerveau.
C’est autant de caresses dans le cou que de coups de poings dans le cœur.

5 février 2014

J'irais voir ailleurs si j'y suis


Hé oui petit lecteur !
En bonne sociopathe qui se respecte, il m'arrive d'avoir besoin d'un bol de solitude. M'enfermer et me protéger du bruit ambiant tu vois ?
J’ai voulu écrire plusieurs fois, mais j’ai comme trop de choses à dire, alors je trouve aucun mot, aucun début. J’ai une grosse pelote de pensée que j’arrive pas vraiment à démêlé.
Je vais, chaque semaine, discuter avec mon médecin de la tête. Je dis « discuter » parce qu’il nous arrive de pas parler de moi. On parle littérature, philosophie, dans la chaleur de l’appartement qui lui sert de bureau. Il a une fenêtre complètement obstruée par du lierre, quand il fait beau, il y a des raies de soleil qui filtres et qui donne à la fumée de sa cigarette une couleur blanchâtre.
Ce que j’aime bien, c’est quand il se penche vers moi. Il plisse les yeux comme ça. Et je sais qu’il va me dire une vérité. Généralement, il sourit. Parce que j’attise son intérêt, je l’amuse un peu, peut être même que d’un côté, je le fascine. Un peu.
Je suis là, enfoncé dans le fauteuil, les jambes tendues. J’ai mes Doc Martens à fleurs, un perfecto en cuire et je fume machinalement ma « cigarette de séance ». Oui, j’ai l’air d’être une de ses petites nénettes qui essayent de rentrer correctement dans le moule.
Mais moi, je déborde de partout.
J’aime le fait qu’il me vouvoie, j’aime qu’il se souvienne de tout ce qui me concerne, même après des années, sans prendre de notes. J’aime quand il me glisse :
« Vous semblez avoir 100 ans Mademoiselle ».
J’aime qu’il le remarque. J’aime encore plus qu’il me le dise.
Je souris, il me parle comme si j’avais 100 ans. Il me parle comme on devrait me parler. Sans prendre de pincette, sans prendre en compte mon âge, superflue.

Mais le mieux.
C’est qu’il est un parfait inconnu. C’est qu’il ne me connaît qu’à travers ce qu’il voit et ce qu’il entend.
Et quand il m’a dit que j’étais intelligente et que je pouvais réussir tout ce que j’avais envie d’entreprendre.
Je l’ai cru.
Et ça a été magnifique.
Je pourrais te raconter, comment il arrive à m’énerver parfois. Comment je traîne les pieds en y allant. Comment il m’aide, ou comment il m’achève. Je pourrais te raconter.
Mais tout ce qui me viens, c’est son rire quand je lui dit que je m’endors en écoutant du Brel, que ma mère me berçait avec du Brassens, que je connais chaque chanson d’Edith Piaf.
Je te raconte tout ça parce que pour le moment, je n’ai que ça. Parce que dans ma différence, j’ai trouvé quelqu’un qui me renvoie ma normalité à la tronche.

Je sais pas pourquoi je te dis tout ça, on ne se connaît pas, je voulais juste que tu visualise, le quart d’une seconde, une fenêtre envahis de lierre et l’odeur d’une cigarette.

A bientôt.