12 mars 2015

J'ai tué mon père.

J'aime pas en parler, c'est un peu la plus grande déception de ma vie. Je suis passée par toutes les palettes de sentiments possible, l'amour, l'admiration, la colère, la peur, la haine, le rejet, le mépris...

Je sais même plus quoi faire de cet homme, on m'a un jour très sincèrement dit qu'il serait toujours dans ma vie et que malheureusement je pouvais rien y faire.

Oui, ok, c'est mon père, je serait pas là sans lui. Mais j'aimerais quand même souligner le fait que c'est seulement biologique. Déjà, on as rien à se dire ou à partager, on as jamais rien fait ensembles. Pas de vacances, pas de week-end, pas de délire ou de confidence. Cet homme ne sait strictement rien de moi. Et il est bien trop tard pour rattraper ça.
J'en ai plus envie, je veux rien lui raconter, je veux lui cacher complètement ma vie. L'idée qu'il fasse partie de mon existence m'est insupportable. Je hais tout. Sa manière de croire qu'il fait partie de ma vie, sa manière de me sermonner. N'importe quel adulte de mon entourage sait très bien que c'est pas du tout la bonne manière de faire avec moi. Ils savent très bien qu'il faut pas me prendre pour une poire. Je suis quelqu'un de confiance, ok parfois je déconne mais parce que je fais encore des erreurs pour apprendre.

Concrètement, me dire "tu te shoot pendant ton temps libre" est le meilleur moyen de me donner envie de frapper. Inutile de parler avec quelqu'un comme ça. Les gens qui s'intéressent un minimum à moi savent très bien que je tomberais jamais là dedans, encore moins pour un usage récréatif, que je suis assez mature pour savoir quoi faire de mon temps libre. Et la confiance aussi connard. C'est comme quand tu m'avait dit "je sais que tu te bourre la gueule avec tes potes en soirée"...
Hé ben non... Tu sais, père, j'ai pris deux cuites dans ma vie et depuis j'ai un rapport avec l'alcool beaucoup plus sain que toi. J'ai perdu des ami(e)s parce que je refusait de me défoncer la gueule tout le temps. Tu sais, père, j'ai un rapport à la vie qui inclut que je fait un peu gaffe aux autres, moi.

J'aurais méritée un vrai père. Ceux qui sont derrière leur enfant coûte que coûte, ceux qui savent qu'on veux explorer, ceux qui savent qu'on a besoin de temps, ceux qui savent qu'on coûte de l'argent.
Toi tu compte hein ? Chaque euro investie doit donner des résultats, comme une entreprise. Tu n'aurais jamais payé un psy. Tu n'aurais jamais permis que je rate des cours après une rupture. Tu t'en foutait cela dit, tu ne m'a jamais fait faire mes devoirs, tu ne m'a jamais emmené en vacance, tu ne m'a jamais fait faire les soldes...

Les discours culpabilisant, les morales que tu ne t'applique même pas sur toi-même...
Quel intérêt de me dire que mes grands-parents vont crever ? Quel intérêt de me demander ce que je fais si voir des gens c'est "rien faire" ? C'est vrai, quel intérêt de se chercher ? De respirer un peu quand on as encore le corps en bon état ? Quel intérêt de vivre si c'est pas, comme toi, pour courir après des sous ? Quel intérêt de critiquer ma mère, celle qui est toujours derrière moi pour me pousser à faire choses qui m'épanouissent ? Celle qui faisait faire les devoirs que je n'avais pas fait chez toi, celle qui me prenait dans ses bras quand j'étais triste ? Qu'est ce que ça peut te foutre ?

ça sert à quoi d'essayer de me culpabiliser ? Tu sais comment je suis ? Comment je gère tout ? Tu sais comment j'ai tenue chaque jour au lycée, pour passer mon bac ? T'as vécu mes crises d'angoisses ? Mes insomnies ?
Je suis en colère, tellement furieuse que j'ai juste envie de plus jamais le revoir de ma vie et éloigner cette personne de moi, pour me protéger.

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