20 mars 2016

Terre

En fait je crois que j'ai besoin de gerber bien plus que ce que je croyais.
Je me suis souvent retrouvée dans des situations que je ne comprenais tout simplement pas. Avec le sentiment du "mais comment je me suis retrouvée là moi ?".
Et ça me fait ça, beaucoup.
D'abord avec ce gars. Ce gars qui faisait les musiques les plus parfaites au monde. Il était simplement comme une partie de moi qu'on m'aurait enlever un jour et que j'aurais simplement retrouvée. Comme le mythe grec des âmes soeurs. Les humains étaient en fait deux entités en une. Et par peur ou par colère je doute un peu de ma mémoire sur ce coup, les dieux les auraient divisés. Et les humains errent sur terre à la recherche de leurs autre moitiés. Il était exactement tout ce que j'avais jamais attendue. J'avais même pas besoin de parler. J'étais bien juste en restant à côté de lui. On s'est croisé. Et ça m'a fait beaucoup beaucoup de mal. J'ai eu vraiment l'impression que mon corps et ma tête allaient explosé tellement j'avais mal. Et c'est passé mais j'ai toujours ce petit pincement sec quand j'y repense trop fort. C'est compliqué d'expliquer ce qui se passe dans mon corps dans ses moments. Chacun de mes organes meurs je crois. J'ai l'impression qu'il me manque une petite nuance de moi même depuis. C'est pas grave. Il faut continuer.
Mais son souvenir est le même que les méduses. Il est lent, lourd, musical, coloré, un peu sucré mais froid. Comme de l'eau glacée qui me coulerais le long du dos.

J'attends quelqu'un comme ça.
Quelqu'un qui sonne comme un violon. Comme une scène en accélérée. Comme une musique triste mais qui fait du bien au fond. Comme une beauté qui est trop forte et qui nous coupe toute respiration. Comme une conversation dans le noir. Comme une lumière qui change de couleur. Comme une montagne à n'importe qu'elle heure du jour ou de la nuit. Comme des poissons dans un aquarium. Quelqu'un de douloureusement bon. Le subtil mélange entre la mélancolie et la renaissance. Entre la crise de larme et le rire. Courir courir courir. Rire. Sauter. Crier. Gueuler. Parler, calfeutrer. Se cacher. Embrasser. Rejeter. Glousser. S'élever. Pleurer tout le temps. De joie, de peine, d'émotion. Pleurer parce qu'on est ému. Parce que tout autour est trop beau pour nous.

La merveille. La douleur. L'évolution. Le chagrin. La mélancolie. Les respirations.
Ecouter quelqu'un dormir.
Apprendre la respiration. Le souffle. C'est magique.
Je veux rencontrer quelqu'un qui comprends ça. Cette magie du souffle. De la présence.
Je veux pouvoir l'expliquer sans paraître idiote. Ou trop rêveuse.
Je veux que quelqu'un comprenne ce que je ressens en regardant des méduses, une montagne, la mer.
Je veux apprendre le souffle. Apprendre l'autre.

J'observe les gens. J'apprends leurs tics, leurs rire. La sonorité que fait le son en passant par la gorge. J'apprends leurs chair de poule quand ils ont froid, leurs transpiration quand il fait chaud.
J'apprends leurs voix dans les bars. J'apprends les yeux, le nez, le corps dans son entité.
Je suis seule pour le moment à les apprendre. Mais peut être que y aura quelqu'un plus tard. Ou peut être pas. En attendant je me garde une place pour moi même dans ma tête. Et je me chuchote à l'oreille tout ce que j'ai appris : "le monde est beau. Les gens sont beaux. Regarde comme le vivant est magique. Cours trop vite et sent ton coeur qui tambourine, qui envoie ton sang partout. Sent tes jambes fatiguées, sent comme c'est fragile. Regarde comme c'est beau, quelqu'un de vivant. Regarde comme c'est précieux, ce moment-là, précisément. Il n'y en aura jamais plus des comme ça. Les gens sont une catastrophe magnifique. Regarde-les. Regarde les arbres, regarde la lumière dans les feuilles. Regarde le mouvement de l'eau, écoute le silence nocturne. Mais comprends le bruit tonitruant de la nuit. Comprend les paradoxes de chacun. Apprends-toi."

Je m'écoute, attentive. Je ferme les yeux pour mieux m'entendre. Je pleure souvent. J'ai envie de tout voir. Tout ressentir. Je veux courir jusqu'à cette montagne que j'attends, que j'inspire. Je veux être ému, je veux que mon souffle se coupe comme un grand coup dans le ventre. Je veux être dépassé par tout.
Je veux montrer aux autres comme c'est beau, comme c'est bon parfois de se laisser submerger. De se noyer dans tout ça. Je veux continuer à chercher. Je veux trouver encore plus de beauté partout, je veux encore plus comprendre l'incompréhensible.
Je veux me perdre.
Mais surtout ne jamais me retrouver.

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